Plongée et spéléo post-S1 à la Sexagésime (Drôme)

Cela faisait quelques mois que nous discutions de cette sortie dans la grotte de la sexagésime. La partie Post-S1 étant peu fréquentée, et proche de chez nous, nous souhaitions y faire une petite balade pour admirer les lieux. Ce fut chose faite le samedi 28 mars, et sans regrets !

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Nous nous donnons RDV à l’entrée haute de la cavité à 10h. Vincent A. et Alain M. nous viennent en aide pour porter le matériel jusqu’au siphon (et c’est plus que bienvenu !).

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La galerie aérienne est assez basse, et le portage jusqu’au petit puits tire déjà pas mal sur les bras. Le puits P10 d’entrée est équipé, et une poulie est posée pour descendre rapidement et facilement le matériel. Nous emportons, 4 blocs de 4L, 2 de 7L. Un quart de tour de robinet offre une bien belle frayeur à notre ami Vincent qui réagi tel un félin, et referme le robinet en un instant, non sans perdre un morceau de tympan dans la cavité (en effet, le kit et le bloc étaient juste au niveau de son visage – et de son oreille – en haut du puits, passage particulièrement étroit). Nous décidons de tout amener avant le repas, au départ du siphon, puis de plonger celui-ci une fois le ventre bien rempli…

Après un délicieux repas spéléo digne de ce nom, nous enfilons les combinaisons néoprène et  approchons de la vasque. Détail d’importance, cette cavité – et notamment le S1 – est réputée particulièrement boueuse et non-avenante. Et c’est vrai.

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L’heure est désormais venue de traverser le S1. Celui-ci mesure une centaine de mètres pour 3-4m de profondeur. La glaise tapisse le sol et la visibilité y est souvent nulle. Je passe le premier et, loin de toute attente, je trouve une visibilité correcte pour cette traversée allé. Je distingue les reliefs de la roche, les passages, le fil d’ariane, les concrétions, et traverse donc aisément. Thomas me suit plus lentement avec un kit.
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La sortie du S1 est tout aussi boueuse que l’entrée, et en arrivant, je comprend que le retour n’aura pas le même gout. L’eau est juste devenue un bol de lait chocolaté après nos passages. Et puis soudainement, je me souviens d’une phrase de Joël (qui nous a été de fort bon conseil pour préparer au mieux cette sortie, merci à lui et à Pierre-Eric également ;)) :

« Attention par contre, la partie post-S1 est relativement gazée, la respiration y est plus délicate. »

En effet, la respiration est rapide, l’impression de courrir un 100m en permanence. La sortie de ce S1 étant suivie d’emblée par une escalade de 10m sur une concrétion, l’arrivée au sommet nous contraint à une pause de quelques minutes pour éviter de ne trop s’essouffler. Mais une fois ce petit passage délicat derrière nous, la cavité nous offre ce qu’elle a de plus beau, à mille lieux de ce que l’on perçoit avant le S1. Beaucoup de concrétions recouverte de calcite blanche, tout est juste magnifique. Nous partons donc en explorer tous les recoins, tous aussi beaux les uns que les autres.

Nous gardons un souvenir tout particulier à la sortie du siphon Morel qui permet désormais d’éviter la galerie haute et de jonctionner directement avec le post-s1. La sortie de celui-ci forme une diaclase magnifique et une eau cristalline. « La baignoire » est elle aussi une partie magnifique de la cavité.

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Le temps du retour a sonné, les copains attendent, et il y a encore du boulot pour sortir et tout nettoyer.

L’arrivée près du S1 ne laisse pas de doute, la touille n’est pas retombé durant ces 2heures post siphon… Nous allons avoir droit à un retour « no-viz » comme on dit. Et en effet, c’est bien le cas. La visibilité est nulle, et je ne perçois pas ma main que je porte à  10cm de mon visage. Je ferme donc les yeux et me laisse guider par le fil… qui m’amène tout droit après 5 minutes d’immersion, dans de la roche, des concrétions et un passage impénétrable. Le casque frotte le plafond, l’argile au sol. Et non, je ne passe pas. Thomas me rejoins sur le fil, et je lui fais signe « tactile » que ça ne passe pas. L’étonnement est d’autant plus grand que je n’ai pas vu cette section piège à l’allé. Je n’ai jamais frotté à l’allé. Nous ressortons et je lui explique le cas. La solution semble donc de serrer à fond à gauche en décalant le fil qui est lâche, vers nous. Cette solution est la bonne (et je me souviens d’ailleurs que Joël m’avait aussi parlé de cette section piège !) et permet de passer, non sans dificultés (peut-être fallait-il que je me décale plus à droite encore, mais le passage est étroit et j’ai pas mal frotté pour passer, et impossible de me remémorer un tel passage à l’allé… mystère !). Une fois cette section passée, la suite est simple : tout droit sans visi et sans difficulté.

Ma main devant le visage, pour éviter de me casser le nez contre la roche, ne ressent soudainement plus l’eau, elle est à l’air libre. Nous voilà de retour. Mais non, il faut noter qu’il y a une belle cloche d’air juste avant l’entrée du S1 (ou juste avant la sortie quand on vient du fond :)). Ce n’est donc pas pour cette fois, je me ré-immerge et quelques coups de palmes plus loin, les copains sont là. On leur raconte notre balade, et nous repartons pour la sortie.

Nous ressortons de la cavité aux alentours des 20h : une grosse séance de nettoyage nous attend dans l’Eygues, la rivière qui passe à côté de la cavité.

Une grand merci à Joël et P-E pour leurs conseils, et à Vincent et Alain pour leur aide primordiale !

Romain.

Article mis en ligne par Romain